Haïti, pays situé sur l’île d’Hispaniola dans les Caraïbes, partage ses frontières terrestres avec la République dominicaine à l’est. Sa géographie est aussi spectaculaire que complexe, façonnée par des montagnes imposantes, des vallées fertiles, des plaines côtières étroites et un littoral découpé. Malgré sa petite superficie — environ 27 750 km² — Haïti possède une diversité topographique, climatique et écologique remarquable. Cette géographie, à la fois une richesse et un défi, a profondément influencé l’histoire, la culture, l’économie et les risques naturels du pays.

Source : Kelisi
1. Relief : un pays de montagnes
Haïti est l’un des pays les plus montagneux des Caraïbes. En effet, environ 80 % du territoire est constitué de reliefs accidentés, alternant chaînes de montagnes, massifs et vallées intérieures.
Principales chaînes montagneuses :
- Massif du Nord : prolonge la cordillère centrale de la République dominicaine. Il s’étend du nord-est au nord-ouest du pays. Cette chaîne sépare la plaine du Nord (Plaine du Cap-Haïtien) de la mer.
- Chaîne des Matheux et chaîne de la Selle : dans la région sud-centre, culminant avec le Pic la Selle (2 680 m), le point culminant d’Haïti.
- Massif de la Hotte et massif de la Selle : dans le sud-ouest, cette région très montagneuse forme la péninsule sud d’Haïti, aussi appelée Grande Anse.
- Plaine du Cul-de-Sac : une plaine semi-aride et encaissée près de Port-au-Prince, bordée par les montagnes de la chaîne des Matheux et de la Selle.
Ces chaînes forment de véritables barrières naturelles qui fragmentent le territoire, rendant difficiles les communications entre les régions et contribuant à une forte diversité locale.
2. Plaines et vallées fertiles
Malgré le relief dominant, Haïti possède des plaines intérieures et vallées qui jouent un rôle clé dans l’agriculture et l’occupation humaine.
- Plaine de l’Artibonite : la plus grande plaine fertile du pays, irriguée par le fleuve Artibonite. C’est le principal grenier agricole d’Haïti, où l’on cultive notamment du riz.
- Plaine du Nord : au nord du pays, elle est également propice à l’agriculture.
- Cul-de-Sac : plaine semi-aride mais stratégique, elle abrite Port-au-Prince, la capitale.
3. Hydrographie
Haïti est traversé par de nombreux cours d’eau, mais la plupart sont courts, irréguliers et sujets à l’assèchement ou aux crues subites.
Principaux cours d’eau :
- L’Artibonite : le plus long fleuve des Grandes Antilles (320 km, dont une partie en République dominicaine). Il est essentiel pour l’agriculture et la production d’électricité.
- La rivière Momance, la rivière Grise, la rivière du Massacre (frontière nord-est).
- Nombreux torrents de montagne qui deviennent dangereux lors de fortes pluies (inondations, glissements de terrain).
Lacs :
- Lac Azuei : le plus grand lac d’eau salée du pays, situé dans le Cul-de-Sac.
- Étang Saumâtre et étang de Miragoâne : autres étendues d’eau notables.

Source : Ian Macky, PAT Atlas
4. Climat
Haïti bénéficie d’un climat tropical à deux saisons principales :
- Une saison des pluies (avril à juin, puis septembre à octobre),
- Une saison sèche (novembre à mars, avec un autre pic en été).
La température varie selon l’altitude :
- Les plaines et côtes sont chaudes (25 à 32 °C),
- Les zones montagneuses peuvent être plus fraîches (notamment dans les hauts plateaux comme Kenscoff).
Le climat est influencé par les alizés venant de l’Atlantique, mais aussi par la topographie qui crée des microclimats régionaux.
5. Littoral et géographie maritime
Haïti possède plus de 1 500 km de côtes sur l’océan Atlantique au nord et la mer des Caraïbes au sud. Son littoral est très découpé, avec de nombreuses baies, anses, presqu’îles et îlots.
Points notables :
- Golfe de la Gonâve : vaste baie bordant la capitale.
- Île de la Gonâve : île montagneuse située au large de Port-au-Prince.
- Île de la Tortue : au nord, célèbre pour son histoire de piraterie.
- Presqu’île du Sud (ou péninsule de Tiburon) : région isolée, très montagneuse, mais riche en biodiversité.
Le littoral est aussi exposé à l’érosion, aux cyclones tropicaux, et souffre parfois d’une forte pression humaine.
6. Risques naturels liés à la géographie
La position géographique d’Haïti en fait un pays très vulnérable aux aléas naturels :
- Séismes : Haïti est situé sur la faille de l’Enriquillo-Plantain Garden, zone de contact entre les plaques caraïbe et nord-américaine. Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 (magnitude 7) a tragiquement illustré cette vulnérabilité.
- Cyclones et tempêtes tropicales : frappent régulièrement le pays, causant inondations et glissements de terrain.
- Érosion et déforestation : la géographie montagneuse, combinée à la perte massive de couverture forestière (moins de 2 % du territoire est encore foresté), rend les sols instables et sujet à la désertification ou aux glissements de terrain.

7. Biodiversité et environnement
Malgré une pression anthropique intense, Haïti possède une biodiversité remarquable :
- La péninsule sud (massifs de la Hotte et de la Selle) est un point chaud mondial de biodiversité.
- On y trouve de nombreuses espèces endémiques de plantes, reptiles, oiseaux et amphibiens.
- Le pays abrite des parcs nationaux (comme le Parc National La Visite) et des réserves naturelles, bien que leur gestion reste fragile.
Conclusion
La géographie d’Haïti est à la fois un trésor et un défi. Son relief montagneux, ses vallées fertiles, son climat tropical, son riche littoral et sa biodiversité lui donnent un potentiel immense. Mais cette même géographie, combinée à des facteurs socio-économiques, rend le pays très vulnérable aux catastrophes naturelles et à la dégradation environnementale. Comprendre cette géographie est essentiel pour penser un développement plus résilient, respectueux de l’environnement et adapté aux réalités du territoire haïtien.